Très grandes, très petites, très larges, ou même courbées: toutes les verges sont dans la nature.
Mais la taille a-t-elle une incidence sur nos vies sexuelles? Témoignages et réponses d'experts.
1. Existe-t-il une "norme"?
Oui, et cette norme est fondée sur des moyennes. En France, elle se situe entre 11 et 17 centimètres en érection. "On est bien loin de l'image de la verge véhiculée par les films pornographiques", constate Alain Héril, sexothérapeute*. "Depuis 25 ans que j'exerce, j'ai vu beaucoup d'hommes défiler dans mon cabinet avec un important complexe dû à la taille de leur sexe. Mais en réalité, moins de 1% d'entre eux avaient effectivement un micro-pénis (moins de 7 centimètres en érection et 4 au repos)."
2. Pourquoi tant d'hommes complexent?
"La plupart ont simplement une mauvaise vision d'eux-mêmes et de leur sexe", affirme Alain Héril. "Il y a cette idée que le sexe masculin représente la virilité, et donc l'affirmation de soi: plus le sexe est grand, plus on se sent beau et fort. Mon travail consiste à aider les hommes à intégrer leur pénis dans leur schéma corporel, afin qu'ils aient une vision globale d'eux-mêmes. Comme les femmes boulimiques qui se voient trop grosses dans le miroir, les hommes qui complexent sur la taille de leur pénis souffrent souvent de dismorphophobie. Ils ne se voient pas tels qu'ils sont réellement. Cela passe également par un travail psychanalytique sur la représentation qu'ils ont de leur sexe."
Fabien a longtemps connu ce "complexe du vestiaire": "Enfant puis ado, Je me trouvais trop maigre, trop bête, peu intéressant, et j'étais surtout très complexé par la taille de mon sexe. Ca me venait en grande partie d'un père tyrannique qui me rabaissait, mais ça, je ne l'ai compris que plus tard. C'était un homme violent et égoïste, qui me maintenait dans un état d'angoisse permanente."
Pour Alain Héril, le cas de Fabien n'est pas isolé: "Les hommes qui ont peur d'avoir un sexe trop petit, bien souvent, ne sont pas devenus 'homme' mais sont restés des fils. Ils ont des pères trop puissants, qui prennent trop de place, ou au contraire totalement absents. Ils se voient toujours comme un petit garçon, avec un 'petit zizi'".
Fabien a réussi à venir à bout de son complexe grâce à sa partenaire. "J'ai fait l'amour pour la première fois à l'âge de 17 ans. J'étais terrorisé à l'idée de me montrer nu devant une femme. J'avais peur de sa réaction en voyant mon pénis. Mais après l'acte, elle m'a juste dit: 'On sent que tu as de l'expérience, c'était super.' Je n'en revenais pas. Ca m'a rassuré pour la vie."
3. Est-ce que la taille, ça compte?
Comme Fabien, presque tous les hommes se sont déjà posé au moins une fois la question. Sur les forums de discussions, le sujet revient sans cesse. "Il existe très peu d'études sur la question", regrette le docteur Antoine Faix, urologue-sexologue et responsable du comité d'Andrologie et de médecine sexuelle de l'Association française d'urologie. "Néanmoins, selon une étude hollandaise, seule une femme sur quatre avouerait y porter de l'importance. Mais ce serait plus la largeur que la longueur qui compterait."
Le confort physique dépendrait en fait autant de l'anatomie des femmes que de celles de leurs partenaires. Car en matière de vagin, il n'y a pas non plus de "taille unique". "Selon les femmes, il peut être plus long, plus large ou plus élastique", explique le médecin. "Je reçois des femmes en consultation dont le vagin est assez étroit et qui se plaignent que la verge de leur partenaire est trop grosse et qu'elle leur fait mal. Mais dans l'ensemble, la nature est suffisamment bien faite pour que les femmes et les hommes puissent s'accoupler." Dans tous les cas, lorsque des patients le consultent pour un problème de taille, le docteur Faix commence par proposer un travail thérapeutique.
4. Comment faire face à un micro-pénis?
Patricia a été mariée pendant sept ans à un homme doté d'un micro-pénis. "Au début, la taille de son sexe n'était pas un problème, raconte-t-elle. Il était souvent absent, et lorsque nous nous retrouvions, l'euphorie du retour et le manque faisaient que nos rapports étaient satisfaisants. Mais chacun de nos rapports se concluaient par un 'désolé', tant il était complexé par la taille de son sexe. Nous n'en avons pas souvent parlé: je ne voulais pas le blesser. Mais de manière générale, nos relations sexuelles sont devenues médiocres, même lorsque nous essayions de les pimenter avec des sex-toys. Nous avons fini par entrer dans un cercle vicieux: je simulais pour éviter tout malaise. Nous ne faisions plus l'amour qu'une fois tout les deux mois, alors que je voulais un enfant. J'ai fini par le quitter. Son attitude, plus que la taille de son sexe, me frustrait trop."
Pour éviter d'emprunter le même chemin que Patricia et son ex-mari, Alain Héril recommande aux partenaires de ces hommes de les aider à s'affirmer, au-delà même de leur sexe. "Si la relation est forte, si le lien est puissant, il apportera beaucoup de plaisir à la relation. Et l'obsession de la taille du sexe est liée à l'obsession de la pénétration. Or l'acte sexuel peut être très satisfaisant sans pénétration."
Morgane a connu un homme qui avait un très petit pénis, "long comme un majeur, à peu près. J'avoue, cela m'a un peu refroidie au début, mais nous avons quand même fait l'amour, et dès le premier rapport, il m'a fait jouir. Il n'avait pas de complexe par rapport à son sexe, et il savait très bien s'en servir!"
5. Maxi-pénis, comment ne pas avoir mal?
Morgane a également connu un homme au sexe très grand. Et de son propre aveu, "sexuellement, c'était plus complexe. La pénétration était parfois douloureuse. Et la taille de son sexe nous interdisait certaines pratiques." Elle explique: "Cela rendait des positions comme la levrette assez compliquée, car il ne pouvait pas vraiment 'se lâcher', par peur de me faire mal. Mais c'était un homme très doux et attentionné, donc cela restait toujours agréable." A chaque couple, donc, d'inventer ses propres jeux tout en restant à l'écoute de l'autre, de ses peurs et de ses envies.
6. Pénis courbé : mythe ou réalité?
Bien plus fréquent que le micro-pénis ou le maxi-pénis est le pénis courbé. En consultation, le Dr Faix reçoit beaucoup d'hommes dans ce cas de figure et en opère certains. "Cela peut aller d'une courbure assez lègère à des angles vraiment très importants, rendant impossible toute pénétration sexuelle", explique le médecin. "Cette courbure apparaît soit vers l'adolescence -cela touche 3 à 5% des hommes-, soit plus tard, le plus souvent après 50 ans, en raison de la maladie de Lapeyronie. Il s'agit d'une fibrose de l'enveloppe des corps caverneux. 2 à 3% des hommes sont concernés, mais tous ne nécessitent pas une intervention chirurgicale." Dans l'ensemble, seules les interventions chirurgicales dûes à des malformations ou a des courbures importantes sont prises en charge par la sécurité sociale.
*Alain Héril est l'auteur de Aimer, s'aimer soi-même pour mieux aimer les autres, Editions Marabout.
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