L’attribut viril suscite de nombreuses interrogations au sein de la gent masculine. A tort ou à raison ? Tour d’horizon avec Marc Galiano*, andrologue.
Mon pénis est-il trop petit ?
Beaucoup d’hommes s’inquiètent de la taille de leur pénis, symbole de puissance et de virilité. A tort trop souvent, comme l’atteste le médecin. Il mesure en moyenne 13,12 cm de long et 11,66 cm de circonférence. Au repos, les chiffres passent respectivement à 9,16 cm et à 9,36 cm. On parle de micropénis quand il mesure moins de 7 cm en érection.
Je trouve mes testicules bien imposants par rapport à mon pénis, faut-il s’en inquiéter ?
Aucun individu ne présente deux testicules de la même taille. Donc, pas de crainte si l’un paraît un peu plus grand que l’autre. En revanche, si l’un des deux augmente vraiment de volume, il peut s’agir d’une hydrocèle, une maladie bénigne. C’est un épanchement de liquide dans la poche, l’enveloppe autour du testicule, qui survient parfois chez l’adulte sans raison ou après un traumatisme ou une infection. Seul un urologue est à même de poser le diagnostic et d’intervenir chirurgicalement si elle est gênante ou douloureuse. L’intervention, qui consiste à enlever la poche, se déroule en ambulatoire, sous anesthésie générale ou locorégionale. Et tout rentre bien vite dans l’ordre.
En érection, mon pénis n’est pas symétrique et penche donc plus d’un côté que de l’autre, y a-t-il un problème ?
S’il s’agit d’une petite asymétrie et d’une simple courbure, c’est tout à fait normal et propre à tous les hommes. Cela dépend de la longueur des corps caverneux et il suffit que l’un soit un peu plus long que l’autre pour que la verge penche plus d’un côté, latéralement ou verticalement. Au fil des années, c’est souvent un phénomène qui s’accentue du fait du relâchement des tissus. Mais quand la verge se courbe en angle aigu, de droite à gauche ou de haut en bas, et s’accompagne de douleurs, voire de problèmes d’érection, il est important de consulter un urologue. Il peut s’agir de la maladie de Lapeyronie, une fibrose des corps caverneux. C’est une pathologie dont les causes exactes sont encore complexes et qui touche environ un homme sur dix, âgé en moyenne de 50 ans. Certains traitements permettent aujourd’hui de limiter son développement et une chirurgie de correction de la courbure peut être également envisagée.
Quand il fait froid, ou dans une eau glacée, mon pénis rétrécit à vue d’œil, est-ce normal ?
C’est une réaction physiologique tout à fait normale. Sous l’effet du froid, le sang est chassé des extrémités (doigts, orteils, pénis) vers les organes centraux du corps pour maintenir sa chaleur. Les testicules aussi se rétractent. Ça ne met certes pas en valeur, mais ce n’est pas grave !
Mon pénis peut-il se casser ?
Ce n’est pas très fréquent, mais c’est une situation qui peut se produire en érection seulement. Lors de va-et-vient fougueux, on parle de « faux pas » pendant le coït ou d’acrobaties sexuelles. La verge bute contre le pubis ou le coccyx et l’un des deux corps caverneux craque et se rompt. Parfois, les deux en même temps. L’enveloppe de la verge, l’albuginée, peut aussi céder avec une rupture simultanée de l’urètre. La débandaison est soudaine et un hématome apparaît : c’est une urgence chirurgicale et il ne faut pas hésiter à se rendre à l’hôpital dans les heures qui suivent. L’urologue résorbera l’hématome et recoudra la blessure. Il peut également ne pas y avoir d’hématome ou de douleur très forte, seulement un craquement, mais il est conseillé de consulter un urologue dans les jours suivants afin d’effectuer un contrôle et d’éviter qu’une fibrose ne s’installe.
On m’a parlé de la rupture du frein, c’est quoi ?
Chez les hommes non circoncis, le frein dans lequel passe un nerf, une veine et une artère, est ce petit fil situé entre la face ventrale du gland et la peau qui permet au prépuce de coulisser et de revenir sur le gland. Quand il est court, à force de tirer dessus lors de rapports sexuels ou pendant la masturbation, la veine peut rompre. Ça saigne et cela fait peur. Il suffit de compresser pour interrompre le saignement, puis de désinfecter quotidiennement avec de la Betadine ou de la Biseptine pendant sept jours. En général, le problème est vite réglé.
En revanche, si c’est l’artère qui est rompue, le sang gicle et ne stoppe pas malgré une compression. Dans ce cas, direction les urgences pour des points de suture. Généralement, dans les deux cas de figure, on pourra envisager une plastie du frein pour le rallonger, afin que cela ne se reproduise plus.
Une élongation de la verge est-elle possible ?
Quand la verge en érection est lourdement et brutalement tractée vers le bas ou sur le côté pendant un rapport torride, les ligaments suspenseurs qui l’arriment au pubis peuvent en effet souffrir d’une élongation. Surviennent alors des douleurs au niveau du pubis. Tout dépend de l’importance de la tendinite mais, en général, cela guérit tout seul, à condition d’être au repos pendant quelques semaines. Il est toutefois recommandé de demander l’avis d’un urologue dans les jours qui suivent, histoire de ne pas passer à côté d’une rupture des ligaments, plus rare, bien plus douloureuse mais possible.
Quant à l’accident de braguette, est-ce un fantasme ou une réalité ?
C’est très rare, mais cela peut arriver. Essentiellement chez les jeunes garçons qui remontent trop vite leur braguette après être allés aux toilettes et chez les hommes passablement éméchés qui ne maîtrisent plus trop leurs mouvements. Le prépuce en première ligne reste coincé dans la fermeture à glissière. Tout dépend de l’importance de la blessure. Mais il suffit souvent de tirer dans un mouvement inverse afin de libérer la peau, puis de bien désinfecter et de consulter un urologue le lendemain. A contrario, cas rarissime, quand la peau est vraiment coincée, il ne faut pas hésiter à « foncer » aux urgences. Et là, c’est le bloc opératoire.
Est-il possible de ne plus pouvoir recalotter son pénis ?
Quand le prépuce est trop serré, ce qui concerne surtout les jeunes enfants et plus rarement les hommes âgés, il arrive que l’on ne puisse plus recouvrir le gland avec le prépuce. Ce dernier reste bloqué en position basse sous le gland, la muqueuse gonfle et peut à court terme provoquer un œdème. On parle alors de paraphimosis ou de décalottage trop long. Pas de panique. Dans un premier temps, il est recommandé de prendre une douche tiède avec un lubrifiant ou un savon doux, puis de poser les deux pouces à la base du prépuce, les deux index sur le gland et de remonter la peau, un peu comme une chaussette. Au bout de deux ou trois heures, rien n’y fait ? Direction les urgences où un urologue essaiera de recalotter, sous anesthésie locale, ou pratiquera une circoncision.
* Auteur avec Rica Etienne de Mon sexe & moi, Marabout.
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